Idée de raid original : Le Banc d'Arguin en kayak de mer
http://www.chez.com/arethusecigarette/mauritanie/pnba2.htm
Actualité : Nouakchott, 22-02-2006 (AngolaPress)
Le Parc national du Banc d`Arguin (PNBA) a célébré mardi ses 30 années au service de la conservation et du développement durable, un anniversaire qui coïncide également avec les 20 ans d`intervention de la Fondation Internationale du Banc d`Arguin (FIBA).
La cérémonie officielle qui s`est déroulée au centre international de conférence de Nouakchott a été présidée par le secrétaire général du gouvernement, Bâ Saidou, en présence des ministres du Développement rural et de l`Environnement, des Pêches et de l`Economie maritime, du président de la Fondation internationale du Banc d`Arguin, le Dr Luc Hoffman, et de nombreux chercheurs et personnalités scientifiques.
La célébration de ces 30 années a pour objectif principal de sensibiliser les Mauritaniens sur l`importance économique du parc. Le parc du Banc d`Arguin est en effet une importante zone de reproduction de poissons qui regagnent ensuite la mer.
La fête du parc national est également marquée par des manifestations culturelles et sportives tout au long de l`année 2006 pour mieux sensibiliser les populations sur l`importance capitale de la conservation de ce joyau national, sous régional et mondial qui représente un enjeu essentiel pour le développement durable.
Le Dr Luc Hoffman a saisi l`occasion de cette journée pour mettre l`accent sur "la notoriété internationale du PNBA qui lui garantit un réseau de soutiens mondial".
Le PNBA longe la bande côtière allant de Nouakchott, capitale administrative, à Nouadhibou, capitale économique.
Album photos : http://wattbru.blogs.com/photos/le_banc_darguin/
Cette réserve naturelle, propice à la migration des oiseaux, s’étend sur 12000 km². Le Banc d’Arguin est classé au patrimoine mondialde l'Unesco. Ce site est l’un des plus grands lieux de reproduction d’oiseaux en Afrique.
Le banc d'Arguin est un carrefour pour les échassiers effectuant leur migration entre l'Europe, l'Asie septentrionale et l'Afrique. On y a déjà recensé plus de deux millions de bécasseaux en hiver, et de nombreuses espèces s'installent aussi là pour se reproduire. Un peu partout dans la mer incroyablement claire et peu profonde (pas plus de 3 m sur une bande de 25 km à partir du rivage), des îles de sable abritent des oiseaux qui y nidifient. On ne peut observer ceux-ci que depuis de petits bateaux, accompagné d'un guide et après avoir obtenu l'autorisation de la direction des parcs nationaux.
Les périodes de visite sont extrêmement réglementées (vous ne pouvez pas approcher les oiseaux pendant la saison des amours - deux fois par an ). On peut louer des bâteaux (langes) sur place.
Le banc d'Arguin vue du ciel sur Google Earth
Voir aussi le site http://www.iucn.org/places/mauritania/pnba/index.html pour plus d'infos sur les langes ...
Une excellente carte détaillée :
http://www.lib.utexas.edu/maps/africa/arguin_legend.jpg (légende)
http://www.lib.utexas.edu/maps/africa/arguin_map.jpg (carte avec les points gps)
Pour vous rendre sur place depuis Nouakchott, empruntez en 4x4 la route de la plage : 155 km à marée descendante (il est indispensable de connaître l'horaire des marées), puis 50 km de désert. Le banc d'Arguin se situe à environ 250 km de Nouadhibou, mais il est encore moins accessible par le nord. Attention à ne pas partir seul à cause des risques d'ensablement.
Logement possible / camping dans les villages de pêcheurs dont notamment à CAP TAVERIT ou IWIK ... il y plusieurs tentes mauritanienne à louer : Iwik Vacances Banc d'Arguin BP 1643 Tél 631.81.84. Vous pouvez tout "traiter" avec l'hébergeur : nourriture, location du bâteau, et même carburant (plus aléatoire).
Quelques exemples de prix :
- Entrée Parc : 2.400 om
- Location bâteau avec déjeuner : 5.000 om
- Guide PNBA sur le bâteau : 2.000 om
- Location tente : 3.000 om la nuit
Ici aussi n'hésitez pas à contacter Olivia à Nouakchott. Elle y tient une auberge et connaît vraiment tout le monde en Mauritanie et même dans le Banc d'Arguin.
Le Banc d'Arguin est situé sur la côte Saharienne de la Mauritanie. C'est une des plus importants rassemblements d'oiseaux marins et littoraux de la planète.
On y trouve selon la saison des oiseaux qui y transitent, migrateurs venus souvent du Grand Nord ou d'Europe ou des espèces nicheuses : les plus étonnantes concentrations de limicoles (barges, courlis, chevaliers, bécasseaux divers, pluviers, etc...), d'échassiers divers (hérons et aigrettes, cigognes et flamands)et de palmipèdes (pélicans, cormorans, goëlands et mouettes, sternes et guifettes, pétrels et guépiers) ou d'accidentels (circaètes, aigles et vautours)." Théodore Monod.
La presqu'ile du Cap Blanc, réserve naturelle-satellite du Parc, classée site mondial par l'UNESCO, abrite aussi les derniers groupes de phoques moines, à la limite méridionale de l'aire occupée régulièrement par l'espèce, aux portes du désert.
Cet étonnant écosystème est si viable qu'il " perdure " depuis le néolithique.
Préhistoire et origine du Banc :
La disparition de la grande faune saharienne et sahélienne marque le terme d'une histoire naturelle millénaire : celle du peuplement biologique d'un univers soumis, durant des dizaines de milliers d'années aux modifications périodiques d'un climat alternativement aride et humide, puis finalement sujet, depuis 3 à 4000 ans, à une longue désertification qui se poursuit de nos jours.
L'homme dispose, durant ces quelques millénaires, de conditions de vie très propices qui vont lui permettre de s'épanouir et de peupler abondamment l'actuelle Mauritanie. C'est le néolithique.
Localement, la date la plus ancienne apportant la preuve d'une occupation humaine remonte à 6440 A.JC (à partir de 1950) et concerne le site de Tintan, à l'est de la Baie du Lévrier. Ils forment des tribus de pêcheurs et de ramasseurs de coquillages. Puis, peu à peu, toute la côte se voit peupler à son tour. C'est entre 7000 et 4000 A.JC qu'une transgression marine transforme la configuration du littoral. La mer pénètre largement à l'intérieur des terres, donnant naissance à de nombreux abers et à de vastes golfes.
Plusieurs fleuves accèdent alors à l'océan. Les grands oueds (Téguédé, Chibka, Chrack), secs désormais, en sont les derniers témoins. La Baie de St Jean jouait le rôle d'un estuaire entre 5 et 4000 A. JC. Une variété de palétuviers s'observe encore de nos jours au Cap Timirist et au nord de l'île de Tidra. Les coquillages marins prolifèrent alors dans les eaux chaudes de ce littoral. Les néolithiques en feront leur nourriture favorite, laissant encore maintenant des 'dépottoirs' qui parsèment la côte.
Les néolithiques péchaient des poissons : silures, raies, courbines. Ils consommaient aussi des végétaux. La découverte de squelettes indique que certains sites d'habitants (Tintan) étaient utilisés comme lieux de sépulture. Enfouis parmi les coquilles, tessons de jarres, et de vases décorés, pointes de flèches, molettes et haches polies, grattoirs et perçoirs, perles d'enfilage, coquillages ou oeufs d'autruches trahissent une société évoluée, organisée, dotée d'artistes et d'artisans doués d'un savoir-faire exceptionnnel.
C'est une civilisation qui s'épanouit alors sur les rivages accueillants du Banc d'Arguin, et témoigne des progrès décisifs accomplis par l'humanité durant ces millénaires.
Cette civilisation sera pourtant témoin ensuite d'une dégradation écologique générale de son environnement. Le recul de l'océan s'accompagne d'un rétrecissement des golfes, qu'attestent aujourd'hui les vastes sebkhas de la Baie du Lévrier, de la Baie d'Arguin, de l'ile de Tidra ou de la Baie de St Jean; d'une extention des lagunes et des mangroves; d'un assèchement progressif des cours d'eau et des marigots côtiers.
Le peuplement humain, à son apogée avant cette évolution (transgression marine), a été estimé à près de 100.000 personnes, entre le Cap Blanc et l'actuelle sebkha Tenioubrar, au sud du Cap Timirist. C'est cent fois celle d'aujourd'hui.
Un gisement préhistorique découvert à Chami, à 35 km de l'océan, nous permet d'évoquer le mode de vie d'un campement de chasseurs-éleveurs. L'existance de l'élevage, il y a 4000 ans, dont l'apparition bouleverse la dépendance des hommes à l'égard de la faune sauvage, est attestée sur ce site; car 63% des ossements recueillis proviennent de bovidés, généralement domestiqués.
La chasse toutefois perdure, servie par une invention capitale du néolithique : l'arc, qui permet de tuer à distance. L'inventaire de ces os permet aussi de dénombrer des phacochères, des oryx gazelles, éléphants, rhinocéros, antilopes, buffles, zèbres, lièvres, grenouilles... Ces animaux témoignent bien de la présence d'un climat beaucoup plus arrosé qu'il ne l'est actuellement. Le paysage du Banc d'Arguin devait certainement ressembler, il y a 3 ou 4000 ans à l'actuel estuaire du Sénégal.
Mais la désertification est en marche, inexorablement (mais probablement pas de façon irréversible). Les grands mammifères refluent vers le sud, obligeant les hommes à quitter les lieux. A Tintan et à Chami, les sites sont vides d'habitants depuis 2500 ans. Certes, quelques ultimes groupes de pêcheurs se rassemblent-ils ensuite sur les meilleurs endroits, dont la dégradation écologique est moins rapide. Les Imraguens actuels sont probablement, du moins en partie, leurs descendants.
Ce qui est valable pour les hommes, l'est à plus forte raison pour les animaux. Selon la théorie de René de Naurois, relative aux oiseaux; les pélicans et les spatules, les flamands et les sternes, les aigrettes et les cormorans qui peuplent de nos jours le B.A., seraient aussi les descendants des populations qui vivaient jadis dans le dédale d'un grand delta semé d'îlots, de lagunes, de vasières et de mangroves. Bénéficiant des ressources en nourriture de l'océan, ces oiseaux ont pu s'adapter au fil des siècles à la lente désertification de leur milieu de vie, et même à la disparition totale de l'eau douce. La coexistence actuelle d'espèces aux exigences apparemment si opposées devient dès lors beaucoup plus plausible. Un delta offre par définition une mosaïque d'habitats d'eau douce, d'eau saumâtre ou d'eau salée, capable d'accueillir les oiseaux les plus diversifiés.
A la suite de l'abbé René de Naurois (1956), l'attention des naturalistes - dont Th. Monod - se voyait attirée sur cette région biologiquement si privilégiée qu'on pouvait la considérer comme abritant l'une des plus importantes concentrations d'oiseaux de mer de la planète. Le 24 juin 1976, la Mauritanie créait un parc national couvrant près de 1.200.000 ha., intéressant à la fois vasières et herbiers, côte et iles adjacentes.
Mais c'est d'abord l'ile d'Arguin qui fera connaître au monde, de toute autre façon, ce paradis des naturalistes, où terre et mer se confondent et, où des hommes - les Imraguens - vivent en harmonie avec la nature.
C'est une ile sur la côte Saharienne de la Mauritanie, dont une vaste baie aux eaux bleues et violettes, au dessus des herbiers. Simple plateforme de grès posée sur la mer, elle mesure quelques 6 km de long sur 4 de large. Balayée par l'alisé, écrasée de soleil, l'ile peut demeurer des années sans recevoir de pluie; aussi ne porte-t-elle que bien peu de végétation (qui ne reverdit d’ailleurs qu'après une averse).
Un petit village abrite, dans des cabanes, quelques pêcheurs Maures exploitant des eaux exceptionnnellement poissonneuses. S'il existe de nombreuses iles sur cette côte, celle d'Arguin est la seule à posséder de l'eau douce, dans un puisard ouvert sur le plateau rocheux. C'est d'ailleurs ce qui allait permettre la permanence d'une présence humaine dans l'ile et expliquer toute l'histoire de celle-ci.
Dès la fin de la préhistoire, l'homme s'installe dans l'ile et va y laisser de nombreuses traces de sa présence, sous forme de débris de cuisine, avec des dépôts de sable cendreux, parfois de plusieurs mètres d'épaisseur, renfermant des poteries, des haches polies, des coquillages, des ossements de poissons et de tortues...
Après le néolithique, on ne saura plus rien de l'ile pendant plus de mille ans car les hypothèses avancées sur le passage de navigateurs Carthaginois restent sans le moindre support archéologique. L'ile a cependant dû être habitée, ou du moins visitée, par les tribus Berbères du Sahara adjacent. Il faudra donc attendre jusqu'au 15è siècle pour qu'Arguin entre dans l'histoire avec l'arrivée des caravelles Portugaises, chargées de pieux bandits, tout fiers de pouvoir, pour la gloire du Christ, piller quelques pauvres campements et " razzier " des esclaves. Bientôt les envahisseurs vont s'installer à demeure et bâtir une maison de pierre - mi- forteresse, mi-factorerie - pour y pratiquer, au nom du roi qui en a le monopole, un commerce import-export qui va troquer esclaves, poudre d'or, gomme arabique, peaux, etc...contre tissus, vêtements, marmites, outils et armes.
La petite place va sommeiller et la minuscule garnison s'ennuyer pendant près de deux siècles.
Mais la période Portugaise va s'achever avec l'arrivée en 1633 des Hollandais de la "Westindishe Cie", chassés à leur tour par les Français de Ducasse en 1678. En 1685, c'est le "Brandebourg" qui entre en scène. Le Grand Electeur voulant à son tour se créer un petit domaine colonial, avec un puissant château au Ghana et la médiocre place d'Arguin. Mais les successeurs de Friedrich Willhem Ier, devenus rois de Prusse, vont devoir se débarrasser de ces comptoirs ruineux, en les cédant aux Hollandais, en 1717.
Le commerce de la gomme ayant acquis une grande importance pour l'industrie Européenne, la France va s'installer de vive force à Arguin, après les campagnes de 1721, 1723, 1724. Mais en 1728, ce sera l'abandon définitif. Entretenir une garnison à Arguin coûte décidément trop cher. D'ailleurs, c'est désormais beaucoup plus au sud que s'effectue la traite de la gomme. Arguin, lui, a retrouvé son calme après quatre siècles d'occupation étrangère. Le silence est revenu : plus de tambours, plus de coups de canon, plus de trompettes, d'étendards...
C'est l'infatigable vent du nord qui souffle et siffle en maître sur l'îlot caillouteux dévoré de soleil. Le fort détruit, Arguin est mort, endormi dans le vent de sable. Toute la navigation Europe-Afrique passe prudemment au large d'un Banc justement redouté. Mais parfois, tout de même, c'est l'accident et le drame.
Le 02 juillet 1816, la frégate "la Méduse", qui utilisait des cartes de 1753, dont les erreurs pouvaient atteindre, hélas, une centaine de km, venait s'échouer dans quatre à cinq mètres d'eau, à 50 km de la côte et, pour comble de malchance à marée haute. La suite, c'est l'évacuation de l'épave dans le plus complet désordre; l'embarquement de 146 hommes (et une femme) sur un affreux radeau flottant entre deux eaux, et à bord duquel il n'y avait ni vivres ni eau douce.
C'est la fuite du gouverneur Schmaltz et du commandant de la frégate, Duroy de Chaumareys, l'odyssée des naufragés débarqués sur une plage et regagnant le Sénégal à pied, dans le sable. C'est surtout le drame du radeau où l'on s'entretue, ou l'on " s'entre-mange ". Au bout de 13 jours, le brick L'Argus ne retrouvera que 15 survivants, dont 5 vont encore mourir.
C'est la toile géante de Géricault (4,91 m x 7,16 m) qui va faire du radeau de la méduse un thème si populaire et si célèbre, qu'il est resté vivant jusqu'à aujourd’hui. Il y eut aussi un opéra en 4 actes, en 1839, et même des drames, odes, pièces... (et même un film de Jean Yanne mais là je m'égare).
Sur le plan historique, l'ile de Tidra a connu aussi son heure de gloire. C'est en effet en 427 (hégire) -1049 (post JC) - dans l'ile de Tidra, que le Berbère Abdallah ibn Yassin, apparenté aux Sanhaja, fonde un "ribat", communauté religieuse et guerrière. C'est dans ce monastère que des milliers d'hommes se préparent à la conquête, par une vie de prière et d'austérité. Ils s'appelleront les Almoravides ou el Morabitoun (arabe) ou el Mourabitin (assanyya).
Isolés sur le Banc d’Arguin, les pêcheurs Imraguen sont confrontés à un environnement particulièrement hostile. Farouchement attachés à leur mode de vie, ils ont acquis une image de pêcheurs de légende, en associant les dauphins à leur pêche collective.
Cependant, ils ont bien changé et ont dû s’adapter car la pêche traditionnelle est en perte de vitesse au profit d’autres pêches plus lucratives. Ils restent pourtant bien mystérieux pour beaucoup, du fait de leur mode de vie en circuit fermé.
Qui sont ces hommes du poisson, vivant sur la plage ; marginaux dans ce pays, qui, il y a peu, tournait le dos à la mer ? Comment vivent-ils sur cette côte désertique, où les dunes viennent mourir ?
Anciens esclaves des Maures…
Les Imraguen sont, en fait, l’aboutissement d’un brassage de populations, que des vagues d’immigration successives ont repoussé sur la côte.
Il y eut d’abord des populations noires établies-là avant l’arrivée des Berbères Sanhaja, certainement descendants des néolithiques noirs ; puis un mélange avec ces mêmes Berbères, repoussés à leur tour par les invasions Arabes. Un nouvel ‘apport’ de population noire s’est effectué en 1728, lorsque les Français détruisirent le fort d’Arguin, qui servait de relais commercial pour la traite des esclaves. De nombreux noirs africains furent alors vendus sur place comme captifs, sur la côte ou dans l’intérieur et se mélangèrent aux populations côtières.
Les Imraguen vivent ainsi depuis longtemps sur la côte entre Nouakchott et Dakhla (sud Maroc).
Longtemps isolés, ils ont conservé un mode de vie très archaïque et vivent uniquement de la pêche.
Ils ont vécu longtemps dans un grand dénuement, ne s’éloignant de leurs villages que pour pêcher temporairement sur des sites plus favorables. Les Imraguen étaient depuis longtemps tributaires des Maures nomadisant le long de la côte. Ce sont (à l’époque) d’anciens esclaves. Leur maître leur devait protection en échange de taxes : " le ghafer ", tribut de protection du village; " le horma ", un poisson par homme et par jour de pêche ; le droit d’entrer dans l’eau ; de pêcher…
Ces taxes, en fait, étaient payées par les affranchis qui avaient acheté eux-mêmes leur liberté. Les captifs, quant à eux, donnaient toute leur production au maître, ne gardant que de quoi se nourrir et se vêtir. Cette période est heureusement dépassée, mais certains en conservent encore un handicap : l’incapacité à organiser leur vie, et surtout à " penser " leur avenir.
Entre le désert et la mer…
Six villages Imraguen peuplent le Parc National du Banc d’Arguin.
Agadir est le plus au nord, sur l’île d’Arguin ; Mamghar, le plus grand est installé sur la pointe du Cap Timiris, qui ferme le Banc, au sud. Puis au sud, face à la houle de l’Atlantique, c’est : Jreïf, Meÿrat, Tiwlit, Lemcid, Blawach. Au total, c’est onze villages qui regroupent près de 1500 habitants, dont un peu plus de 50% dans le Parc. C’est environ 10% des pêcheurs artisanaux Mauritaniens.
Leur nombre est restreint, mais leur rôle était très important dans la Mauritanie littorale, sujette régulièrement aux sécheresses ; car ils approvisionnaient les populations nomades en poisson séché "tichtar ". Ils se nourissent de mulets essentiellement, bouillis dans l’eau de mer ou séchés ; parfois rôtis sur la braise (peu de bois), à l’étouffé dans le sable.
Ils sont régulièrement approvisionnés en céréales, riz et pates, et parfois-même en légumes ou même en eau, au moins dans les villages les plus proches de Nouakchott. Mais leur mode de vie ne s’est pas transformé radicalement. Ils vivent sur la plage, éloignés des grands centres auxquels ils ne sont reliés que par des pistes difficiles.
Les villages du sud, jusqu’à Mamghar sont desservis par la plage où circulent voitures et camions, à marée basse. Au départ de Nouadhibou, la circulation est aussi malaisée. Les anciennes pistes ne sont plus utilisées depuis la mise en service de la route. Dès lors, les traces s'effacent lentement et le sable et le chott ne sont plus "damés". La circulation est devenue aléatoire pour un véhicule 2 roues motrices. Même en 4x4 il vaut mieux dégonfler.
L’approvisionnement en eau est le problème essentiel des Imraguen. Des projets de dessalanisation sont régulièrement lancés, mais aucun n’a encore donné satisfaction. Il est plus difficile de trouver de l’eau en bord de mer que dans le désert ! Cependant, les Imraguen ont bien, aujourd’hui, un revenu souvent supérieur à la moyenne nationale, qui leur permet d’acheter cette eau, si nécessaire. L'eau vient donc de Nouachott ou de l'intérieur du pays.
Néolithiques, ils ont " perduré " alors que les chasseurs descendaient de plus en plus vers le fleuve Sénégal, en même temps que le gibier et les bœufs, à mesure de l’augmentation de la sécheresse (depuis 5000 ans BP).
Contemporains, ils n’ont pas eu à subir la perte de leurs troupeaux avec les sécheresses agravées et cumulées depuis les années 1970. Mais si les pêcheurs, dans le sud, réussissent à s’approvisionner par l’intermédiaire des acheteurs de poissons, ce n’est pas le cas au nord. Les habitants de Teïchott et de Rgeÿbat doivent se rendre en lanches (pirogues à voiles canariennes) à Mamghar.
Pendant longtemps, les villages ont été composés de huttes de paille " tickitt " et de tentes de poils de chèvres. Peu à peu, avec l’abandon de l’autosuffisance et de l’économie de troc, un confort, très relatif, s’est installé. Les huttes ne servent plus que d’ateliers pour la préparation de la fameuse poutargue (œufs de mulets). La majorité de la population vit dans des cabanes en bois. Mais seul Mamghar a l’allure d’un vrai village, avec des maisons ceintes de murs sur lesquels sèchent les filets.
La pêche au mulet est maintenant presque abandonnée au profit d’espèces de fond (merou, dorade, bar tacheté…). Les ailerons de raies et de requins rapportent bien. Ils sont exportés séchés en Gambie et en Guinée-Bissao, d’où ils partent pour la Chine. En effet, les méthodes de pêche ont changé, les pêcheurs s’alignent selon les nouvelles demandes, adaptées à leur isolement.
Aujourd'hui, beaucoup de projets de développement s’adressent aux Imraguen.
Les organisations internationales ont compris les intérêts de la protection du Banc d’Arguin où nichent beaucoup d’espèces de poissons de la côte ouest Africaine, qui est une aire de repos idéale et de reproduction des oiseaux migrateurs.
Vivant en symbiose avec le milieu, les Imraguen en sont les meilleurs protecteurs; en connaissent chaque espèce et chaque espace. Ils savent ce qu’ils peuvent en prélever sans le perturber, car les ressources marines sont leur survie. Ils souhaitent d’abord un développement harmonieux dans le Banc. Le Banc d’Arguin est leur terrain; ils ne sont pas prêts à le livrer à des étrangers au milieu, malgré toutes les pressions qu’ils subissent sur leur environnement.
Photo d'Iwik ...
Ce texte est basé sur le Guide Arthaud, sur le Guide Mauritanie au GPS et les récits de Jean Finore du site http://www.participez.com/
Album photos : http://wattbru.blogs.com/photos/le_banc_darguin/